Thermodynamique économique, courbes d’indifférence, synthèse néoclassique et Samuelson sont des termes synonymes que nous allons détailler dans notre rubrique des économistes célèbres, en consacrant cet article à Paul A. Samuelson, d’autant plus que cela fait un an que ce prix Nobel d’économie est décédé.
Biographie
Paul Anthony Samuelson est né à Gary (Indiana) le 15 mai 1915, de parents relativement aisés, puisque son père était pharmacien et sa mère issue d’une famille d’industriels juifs. Il est décédé à Belmont, dans le Massachusetts, le 13 décembre 2009 à l’âge de 94 ans.
Samuelson a commencé ses études supérieures à l’université de Chicago, où il a obtenu son diplôme en 1935. Il entre ensuite à l’université de Harvard, où il obtient son doctorat en 1941, sous la direction de Schumpeter. En 1940, il devient professeur assistant d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), où il passe la majeure partie de sa carrière universitaire.
De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1952, il est membre du Trésor américain, où il devient ensuite conseiller. Parallèlement, il a travaillé intensivement au sein du département d’économie du MIT, et ses contributions à l’économie, ainsi que le poste de professeur qu’il a occupé jusqu’à sa mort, ont été déterminants pour le prestige que le MIT a atteint aujourd’hui.
Les fondements de l’analyse économique, par Paul A. Samuelson
L’opus magnum de Samuelson est regroupé sous le titre Les Fondements de l’analyse économique (1947). En particulier, les études thermodynamiques de Willard Gibbs, basées sur l’évolution des principes du chimiste français Le Chatelier, ont conduit Samuelson à établir la méthode de la statique comparative en économie.
Cette méthode explique les changements dans la solution d’équilibre d’un problème de maximisation forcée lorsque l’une des contraintes est marginalement resserrée ou relâchée. Cette extrapolation de l’étude des principes thermodynamiques a servi à développer les différents scénarios économiques qui apparaissent lorsque l’on modifie une variable du système étudié.
Les applications mathématiques en économie et leurs liens avec la chimie lui ont valu le prix Nobel d’économie en 1970 pour ces études, étant donné qu’il a introduit une application systématique de la méthodologie de la maximisation à un large éventail de problèmes. L’introduction mathématique des théories keynésiennes dans le courant économique de la synthèse néoclassique est sans doute due à Samuelson à travers le développement des courbes d’indifférence, qui ont permis d’évaluer l’utilité marginale décroissante d’un bien sans recourir à sa quantification. Son approche mathématique et son leadership intellectuel ont conduit l’étude de l’économie sur la voie de l’analyse mathématique qui, pendant quelques décennies, a dominé la profession d’économiste.
Autres travaux et contributions
Samuelson a été un économiste extrêmement prolixe dans ses écrits et ses travaux, mais les contributions suivantes sont particulièrement remarquables :
- Economics : An Introductory Analysis, 1948. Ce livre est le manuel d’économie le plus vendu de l’histoire, avec plus de 19 rééditions. Il a été traduit en 40 langues et est utilisé dans presque toutes les universités du monde comme texte recommandé. Ce texte est un manuel beaucoup plus simple que l’ensemble du développement de sa thèse de doctorat, qu’il a écrite sur la recommandation de ses amis pour rendre l’économie compréhensible aux non-économistes.
- L’économie du bien-être, en tant qu’application des conditions de Lindahl-Bowen-Samuelson. Ces conditions sont les critères à suivre pour déterminer si une action améliorera le bien-être. En 1950, il a démontré l’inadéquation du PIB par habitant pour révéler laquelle de deux options sociales était uniformément en dehors de l’autre fonction de possibilité réalisable.
- Théorie des finances publiques, dans laquelle il détermine le ratio optimal d’allocation des ressources publiques et privées.
- Développement de deux modèles importants de tendances internationales : l’effet Balassa-Samuelson et le modèle Heckscher-Ohlin, en tant que modèle qui suppose que les taux de croissance de la productivité varient davantage par pays dans les secteurs des biens échangeables que dans les autres secteurs. Ce modèle repose sur l’effet Penn, selon lequel les ratios de revenu réel entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu sont systématiquement exagérés par la conversion du PIB en taux de change du marché.
- Théorie de la préférence révélée, méthode par laquelle il est possible de discerner le meilleur choix possible et donc de définir les fonctions d’utilité des consommateurs en observant le comportement de ces derniers.
Pour conclure, nous pouvons dire que Samuelson s’est toujours affirmé comme un économiste sceptique, très critique à l’égard de la politique économique américaine promue depuis les années 1980 et doté d’une grande perspective.