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Il y a quelques jours, j’expliquais comment le concept d’entreprise avait évolué au fil du temps et, pour compléter cet article, je n’ai pas eu de meilleure idée que d’en publier un nouveau analysant l’évolution historique de la figure de l’entrepreneur.

Le concept d’entrepreneur a subi des changements majeurs depuis l’époque du capitalisme mercantiliste jusqu’à aujourd’hui. De propriétaire de l’entreprise et décideur, il est devenu un personnage beaucoup plus complexe, qui ne doit pas nécessairement être une personne physique ou le propriétaire de l’entreprise.

XVIIIe-XIXe siècles : le marchand sédentaire

À l’époque de la révolution industrielle, l’entrepreneur est un individu. Selon les économistes classiques comme Adam Smith et Ricardo, l’entrepreneur est un commerçant sédentaire chez qui coïncident les figures du propriétaire du capital et du contrôleur des moyens de production.

Ce n’est que quelques années plus tard que Richard Cantillon comprend pour la première fois la figure de l’entrepreneur comme un homme d’affaires, puisqu’il est l’agent qui achète les moyens de production et les revend ensuite à un prix incertain. L’entrepreneur est donc un preneur de risque, puisqu’il ne sait pas s’il va récupérer son argent.

19e siècle : l’entrepreneur organisateur

Grâce aux progrès technologiques de l’époque, à l’expansion des marchés et à l’apparition de besoins en capitaux importants, de grandes entreprises apparaissent pour la première fois, dans lesquelles plusieurs propriétaires financent conjointement l’entreprise. Avec l’avènement de cette forme de société, les objectifs de l’entrepreneur et du capitaliste ont commencé à être séparés pour la première fois, donnant naissance à ce que l’économiste Marshall a appelé l’entrepreneur organisateur.

Le capitalisme atteint un stade où le capital est réparti entre un grand nombre d’actionnaires et où l’entrepreneur est choisi en fonction de ses compétences. Ce nouvel entrepreneur est désormais confronté à un risque plus professionnel que financier, car ce qu’il risque, ce n’est pas son argent, mais son emploi. Les fonctions de cet entrepreneur professionnel sont donc celles d’organiser, de planifier et de diriger les facteurs dans la recherche d’un profit pour les actionnaires.

20e siècle : l’entrepreneur comme preneur de risques

Nous nous référons, comme certains connaisseurs l’avaient prévu, à la théorie économique de l’économiste Knight, selon laquelle l’entrepreneur est la personne qui assume le risque dérivé de l’activité économique, puisqu’il avance une somme d’argent réelle et certaine dans le but de récolter un profit incertain.

Knight continue à faire la distinction entre l’entrepreneur professionnel, qui donne les ordres de gestion de l’entreprise et développe la fonction d’organisation, et l’entrepreneur patrimonial, qui est celui qui débourse l’argent et, par conséquent, assume le risque.

20e siècle : l’entrepreneur en tant qu’innovateur

Selon Shumpeter, un autre économiste de l’époque, ce n’est pas le risque qui explique les profits de l’entrepreneur, mais l’innovation et le progrès technique. Selon lui, le changement technologique se fait en trois étapes : l’invention, l’innovation et l’imitation.

Pour Shumpeter, l’entrepreneur est celui qui invente et innove sur le marché, obligeant ainsi les concurrents à imiter sa découverte. Que cela se produise ou non, les bénéfices pour l’entreprise sont énormes. L’objectif de l’entrepreneur n’est donc autre que d’inventer et d’innover pour réaliser des profits supplémentaires qui disparaîtront lorsque les concurrents l’imiteront.

20e siècle : l’entrepreneur technocrate

La séparation entre la propriété et le contrôle de l’entreprise que nous avons vue précédemment fait que la taille de nombreuses organisations et la complexité des décisions qui doivent y être prises sont telles que beaucoup d’entreprises ne peuvent être gérées par une seule personne, mais par un organe collégial que l’on peut appeler une technostructure, composée d’un groupe d’experts dans les différents domaines d’activité de l’entreprise. Ce terme a été inventé par l’économiste Galbraith.

On peut dire que cette gestion partagée par les techniciens est vraie dans les grandes entreprises, où les actionnaires ne sont que des investisseurs dont la seule fonction est d’obtenir un rendement sur le capital investi. En revanche, dans les entreprises individuelles ou familiales, les petites et moyennes entreprises, le pouvoir primitif du capitaliste ou du propriétaire subsiste.

L’entrepreneur d’aujourd’hui

L’entrepreneur d’aujourd’hui doit être innovant, mais aussi être un bon leader et un bon stratège afin de choisir les bonnes voies pour atteindre ses objectifs. La nouvelle figure de l’entrepreneur présente les caractéristiques suivantes :

  • L’entrepreneur n’est plus nécessairement le propriétaire de l’entreprise, même si c’est encore le cas dans les petites entreprises. Cela est dû à la séparation de la propriété et du contrôle.
  • L’entrepreneur ne doit pas nécessairement être une seule personne. Dans de nombreux cas, en particulier dans les grandes entreprises, l’entrepreneur devient un organe collégial, tel que le conseil d’administration des sociétés anonymes.
  • L’activité de l’entrepreneur n’est pas nécessairement technique. Il s’agit plutôt de fixer des objectifs, d’établir des plans, d’organiser l’entreprise, etc. Cette fonction est appelée administration ou gestion.

En résumé, il faut faire la différence entre l’entrepreneur professionnel, qui gère et dirige l’entreprise sans y avoir apporté de capital, et l’entrepreneur patrimonial, qui a apporté du capital à l’entreprise et dont l’objectif principal est de rentabiliser son investissement.