Cette fois-ci, dans notre série de concepts économiques, nous analysons ce que sont les biens publics, un type très particulier de biens qui ne peuvent être achetés ou vendus sur aucun marché, car ils ont la caractéristique d’être « collectifs » et dont l’utilisation et la jouissance peuvent être effectuées par n’importe quel citoyen sans distinction, indépendamment du fait qu’il doive respecter la juridiction approuvée à cet égard pour les protéger.
La gestion et/ou la fourniture de biens publics n’est pas l’apanage de l’État, mais peut également être assurée par le secteur privé. Un exemple de bien public fourni par l’État serait l’éclairage public, car s’il n’était pas payé par tous les citoyens d’une municipalité, personne n’aurait d’incitation privée à le fournir. Un autre bien public géré par une institution privée serait une émission de radio ou des feux d’artifice payés par une entreprise lors de la fête du 14 juillet, car nous pourrions en profiter sans les payer et sans être invités à l’événement.
Les biens publics gérés par l’État sont un héritage de l’Empire romain, une période de l’histoire où certains biens et droits publics ont commencé à être fournis, tels que la sécurité publique, la justice, la gestion de l’eau et des terres municipales, etc.
Caractéristiques des biens publics
L’essence d’un bien public, c’est-à-dire la caractéristique qui le distingue d’un bien non public, réside dans deux propriétés : la non-rivalité et la non-exclusion. La non-rivalité signifie que l’utilisation et/ou la jouissance par un utilisateur supplémentaire ne limite pas l’utilisation et/ou la jouissance d’un utilisateur qui l’utilise déjà, comme une émission de radio qui permet à différents utilisateurs d’écouter la même musique en même temps.
Un exemple de bien rival serait une voiture, car lorsque l’un d’entre nous l’utilise, un autre utilisateur ne peut le faire en même temps, ou la consommation d’une part de gâteau lorsque nous n’en avons qu’une, car le fait que l’un des convives la mange réduit la quantité disponible pour les autres.
Le fait qu’il soit non exclusif signifie qu’il n’est pas possible de discriminer les utilisateurs qui en jouiront et ceux qui n’en jouiront pas au moyen de prix, puisque ceux-ci n’ont pas de prix, et que tout utilisateur qui le souhaite peut avoir accès à son utilisation et à sa jouissance, qu’il contribue ou non à son maintien et/ou à sa protection. Le vent, le sable sur la plage ou l’odeur d’un délicieux gâteau en passant devant une boulangerie en sont quelques exemples.
Les biens publics dans notre vie
L’exemple le plus courant de bien public est la défense nationale, un service de protection garanti et géré par l’État-nation, qui nous protège contre les menaces extérieures, en fournissant le service à chacun d’entre nous, et pour lequel il est très difficile d’exclure un utilisateur particulier.
Un exemple de la raison pour laquelle nous ne pouvons pas exclure un utilisateur individuel est le suivant : si un conflit armé commence dans notre pays contre une autre nation, l’État tentera de nous protéger par le biais de la défense nationale, une défense qu’il serait pratiquement impossible de refuser au voisin du troisième étage d’un immeuble, tout en protégeant le reste des voisins de l’appartement.
En ce qui concerne ce concept, il convient de préciser que le fait qu’un bien ou un service donné soit géré par l’État ne signifie pas qu’il s’agit d’un bien public, mais seulement qu’il est géré par l’administration parce que, dans le cas contraire, personne ne serait incité à le faire.
Il faut les distinguer des biens publics impurs, c’est-à-dire des biens fournis par l’État et par des institutions privées qui peuvent être limités, dont la quantité disponible est réduite ou la qualité diminuée, et qui sont parfaitement illustrés par l’éducation. Supposons qu’un étudiant assiste à plus de cours que le reste de ses camarades, un fait qui ne fait pas diminuer la quantité d’éducation reçue par les autres, il n’y a donc en principe pas de rivalité dans la consommation, tant que ce fait est individuel et isolé, mais si ce « phénomène » s’étend, nous pouvons atteindre un point de massification des universités, et donc diminuer la qualité de l’éducation disponible pour les autres.
L’une des confusions les plus répandues à cet égard concerne, par exemple, les soins de santé publique, un service de nature économique privée, dont la consommation peut exclure certains utilisateurs, alors qu’il s’agit en même temps d’un rival, car si nous disposons des ressources nécessaires pour effectuer une seule intervention chirurgicale, nous ne pouvons pas opérer deux patients en même temps. La question de savoir si ce bien est fourni par l’État, que ce soit pour les externalités positives qu’il génère, l’impact social ou d’autres raisons, est un autre débat.
Une autre question qui n’est pas toujours claire est la confusion entre les biens publics impurs et les biens publics préférentiels, qui ne sont pas des biens publics puisqu’ils ne répondent à aucune de ces deux caractéristiques, mais plutôt des biens de nature privée, comme par exemple la santé, l’éducation, le logement ou l’alimentation. Ces biens génèrent des externalités positives pour la société et, s’ils n’étaient pas gérés par l’État, ils ne pourraient pas être fournis en quantité optimale par le secteur privé, ce qui constitue l’une des « défaillances du marché » les plus importantes.
Principaux problèmes de durabilité
Les biens publics nécessitent une gestion publique et un mécanisme de contrôle strict pour garantir leur utilisation et leur jouissance, ainsi que leur durabilité. Pour garantir cette dernière, un système de lois et de garanties suffisamment répressif doit être mis en place pour s’assurer que tous les utilisateurs du marché participent à cette tâche.
Par exemple, si nous ne respectons pas les forêts, les mers ou l’environnement, nous risquons d’exclure les futurs habitants de la planète de l’utilisation et de la jouissance de ces biens. Il faut donc mettre en place une législation qui garantisse le respect des règles pour atteindre cet objectif.
Un autre des problèmes les plus répandus à cet égard est celui du « free rider », selon lequel il est difficile d’exclure du service ceux qui ne contribuent pas à l’effort collectif pour le maintenir. Un exemple de ce problème serait l’utilisation des autoroutes publiques par les citoyens qui ne paient pas leurs impôts à temps et de manière correcte, ce qui cause un préjudice économique et nuit à la disponibilité des ressources publiques pour ceux qui contribuent à leur financement.
Ce problème représente un énorme « dommage » pour les intérêts collectifs, car comme ces utilisateurs « gratuits » évitent l’effort collectif pour leur financement ou leur entretien, cela signifie que ce fardeau insatisfait augmentera l’effort que les citoyens contribuables doivent faire pour assurer leur viabilité.
Perspectives, faisabilité et conclusions
Ces dernières années, alors que les problèmes fiscaux et budgétaires des Etats se sont accentués, certaines initiatives contre les villes des charges fiscales ont pris de l’ampleur, oubliant que les charges publiques reposent sur deux principes, l’équité et l’égalité. Ils ne tiennent pas compte du fait que, même si certains usagers potentiels ne demandent pas de services d’éducation ou de santé, nous utilisons tous plus ou moins les transports publics, le réseau routier et la défense nationale.
Pour toutes ces raisons, les gouvernements doivent promouvoir une gestion durable et à long terme des biens publics afin d’éviter de tomber dans ce piège, surtout lorsque ces biens échappent au marché et que, si l’on n’y prend pas garde, ils risquent de disparaître.