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Adam Smith a inventé la métaphore de la main invisible pour tenter d’expliquer le fonctionnement des marchés et la fixation des prix par le libre jeu de l’offre et de la demande. Cependant, le marché n’est pas parfait et la main invisible conduit parfois à des situations indésirables telles que les inégalités sociales, la position dominante de certaines entreprises ou la pollution. C’est ce qu’on appelle les défaillances du marché.

Une défaillance du marché est une conséquence négative du fonctionnement du marché et se produit lorsque le marché n’est pas efficace dans l’allocation des ressources disponibles. Il existe cinq principales défaillances du marché : l’instabilité du cycle économique, l’existence de biens publics, les externalités, la concurrence imparfaite et la répartition inégale des revenus.

Dans ce qui suit, nous analyserons la nature de chacune de ces défaillances et la manière dont le secteur public intervient pour tenter d’y remédier.

L’instabilité des cycles économiques

L’économie est soumise à des cycles économiques, c’est-à-dire à des fluctuations de l’activité économique dans une alternance de phases d’expansion et de récession. Dans la première, l’activité économique et l’emploi augmentent considérablement. Dans la seconde, une grande partie des ressources productives disponibles reste inemployée, ce qui entraîne une forte baisse de la valeur de la production de biens et de services.

L’instabilité cyclique est la plus importante des défaillances du marché, car elle affecte directement le nombre et les caractéristiques des emplois dans un pays. En effet, la main-d’œuvre est la première ressource que les entreprises sacrifient lorsque les choses commencent à aller mal.

Lorsque cela se produit, l’État a deux possibilités : premièrement, ne pas intervenir, c’est-à-dire faire confiance au marché pour qu’il surmonte la crise de lui-même et que l’activité économique se développe à nouveau. Deuxièmement, intervenir en consommant ou en produisant des biens et des services pour augmenter artificiellement les niveaux de l’activité économique et compenser ainsi l’absence de demande privée.

L’ensemble des mesures et des instruments que l’État utilise pour intervenir dans l’activité économique et tenter de promouvoir le progrès du pays s’appelle la politique économique.

L’existence de biens publics

Il arrive que le marché soit incapable de répondre à certaines demandes de la population, comme les demandes sociales. Ce type de bien public est dit non rentable pour un investisseur privé et est généralement produit par l’État lui-même. Leur principale caractéristique est qu’il est impossible d’empêcher les personnes qui n’ont pas payé de les utiliser. Pensez, par exemple, à l’éclairage public.

La mise à disposition de ces biens et services non rentables par l’État prend différentes formes : par sa propre production (justice, police, armée, éducation, etc.), en les achetant à des entreprises privées et en les distribuant ensuite gratuitement à la population (éclairage, ponts, routes, etc.), ou en subventionnant partiellement leur acquisition (santé, logement social, etc.).

Dans les deux cas, le budget de l’État détaille chaque année les dépenses prévues pour ce type de biens et services, ainsi que leurs sources de financement.

Les externalités

Du fait de leur activité économique, les entreprises génèrent parfois une série d’effets préjudiciables aux personnes qui vivent à proximité d’elles. Par exemple, la pollution sonore d’une usine. Ces effets sont appelés coûts externes ou externalités négatives et sont supportés sans compensation par des personnes extérieures à l’entreprise.

L’État peut utiliser plusieurs instruments pour tenter de réduire ou d’éliminer les externalités. Les plus importants sont au nombre de trois :

  • Les seuils maximaux : il s’agit de déterminer des limites qui marquent la pollution maximale qu’une entreprise est autorisée à causer. En cas de dépassement, il y a une pénalité.
  • Les taxes unitaires : il s’agit d’un montant qui est payé en tant que taxe directement liée à ce qui est pollué. Par exemple, pour chaque kilo de dioxyde de soufre émis dans l’air, il faut payer 0,50 euro.
  • Permis de polluer : certaines entreprises sont tenues d’avoir un permis qui précise la limite de vision des substances polluantes, le lieu, la période de validité…

Toutes ces mesures de politique environnementale n’empêchent pas la pollution, mais l’acceptent comme un moindre mal. Pour prévenir la pollution, la seule alternative est que la société prenne conscience qu’il est de la responsabilité de chacun de prévenir la dégradation de l’environnement.

Concurrence imparfaite

Les monopoles, les oligopoles et la concurrence monopolistique sont des marchés de concurrence imparfaite. Ce manque de concurrence conduit à des pratiques abusives de la part des entreprises dans la fixation des prix et des conditions de vente, de sorte que les consommateurs sont gravement désavantagés.

Les accords ou pactes visant à fixer les prix de vente ou toute autre condition de vente, la limitation injustifiée de la production ou le partage du marché sont des exemples de conséquences de l’imperfection des marchés qui sont actuellement interdits.

La défense de la concurrence est une priorité pour l’État qui, par l’intermédiaire de la Commission nationale de la concurrence, tente de prévenir ces situations d’abus de pouvoir de la part de certaines entreprises. Parmi ses fonctions figurent l’instruction et la résolution des procédures et la préparation de rapports et d’analyses sur la situation concurrentielle de certains marchés.

Répartition inégale des revenus

Il est inévitable que, sur le marché, seuls ceux dont le niveau de revenu leur permet de payer le prix des biens et services offerts par les entreprises expriment leurs préférences. En ce sens, la redistribution des revenus par l’État est nécessaire, bien qu’elle soit souvent peu efficace.

La politique économique vise non seulement à stabiliser l’économie afin d’éviter les fluctuations négatives, mais aussi à réduire les inégalités dans la répartition personnelle ou géographique des revenus en établissant des mesures et des lois pour les distribuer. Cet objectif est atteint principalement par le biais de la politique fiscale, qui se reflète chaque année dans le budget de l’état.

Les bourses d’études pour les familles dont le revenu ne dépasse pas 15 000 euros par an, le salaire minimum ou les subventions à la création d’entreprise sont quelques exemples de politiques de redistribution des revenus. Toutes reposent sur le principe d’équité, selon lequel la soutenabilité des dépenses de l’État doit être financée par l’ensemble des citoyens en fonction de leur capacité économique.